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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 08:58

Retour sur un ancien article strictement iconographique, dont je redonne les premières lignes afin de rappeler le projet qui le commande :

 

Mademoiselle (dite « la grande » sans doute pour la différencier de « la petite », fille aînée de Philippe d’Orléans et de Henriette d’Angleterre) était folle de sa maison comme d’autres le sont de leur corps ou des hommes. Lorsqu’elle fit bâtir et aménager un château à Choisy (hélas détruit aujourd’hui, contrairement à celui de Saint-Fargeau où elle résida également) ses obsessions dynastiques servirent de fondement à la décoration intérieur de ses appartements. On est frappé à la lecture de ce passage de ses mémoires par la manière dont l’espace s’organise méthodiquement en fonction d’une hiérarchie très précise  qui part d’Henri IV mais qui s’organise autour de la duchesse. Les murs des espaces à vivre constituent un arbre généalogique « illustré »  :

Il y a une salle où je mange où sont tous mes proches, c'est-à-dire le roi, mon grand-père, la reine ma grand'mère, le feu roi Louis XIII, mon oncle, la reine Anne d'Autriche, sa femme, les reines d'Espagne et d'Angleterre, mes tantes, et les rois, leurs maris, les duchesses de Savoie, ma tante et ma sœur, et leurs maris, la princesse de Savoie, fille aînée de la première, et la duchesse de Parme, sa cadette ; ma mère, ma belle-mère et l'infante Isabelle-Claire-Eugénie d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, à qui mon père avoit tant d'obligations, et dont il honoroit tant la mémoire, qu'il est bien juste de la placer parmi tous mes proches. Les portraits de MM. les princes Henri de Bourbon, Louis et Henri-Jules et Armand de Bourbon, prince de Conti, y sont aussi, et mesdames les princesses Marguerite de Montmorency, Claire-Clémence de Maillé, et Anne, palatine de Bavière, et Anne Martinozzi.

Voilà donc, par Pourbus pour les trois premiers, Henri IV ("le roi mon grand-père") et Marie de Médicis ("la reine ma grand-mère"), Louis XIII ("mon oncle") et Anne d'Autriche. Le portrait de Louis XIII les représente en pleine adolescence, mais j'ai voulu que l'article soit rendu cohérent par l'identité du peintre. J'aime tout particulièrement la représentation de Marie de Médicis. L'unique portrait d'Anne d'Autriche par Pourbus n'est pas localisable sur internet (wikipedia fait d'ailleurs erreur : l'encyclopédie identifie Anne d'Autriche alors qu'il s'agit d'Elisabeth de France.) J'ai donc choisi l'admirable oeuvre de Rubens, même s'il noie, comme toujours, l'individualité du trait sous la splendeur de la chair et de la carnation.

 

 

 

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commentaires

L
<br /> Quant au site allemand (absolument fascinant dans son genre) certaines choses m'ont en tout cas troublé, du côté des Tudor en particulier.<br /> <br /> <br /> Et je vous remercie à deux genoux pour vos portraits qui font ma joie.<br />
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L
<br /> Bon sang, mais qu'a fait Blaise Ducos alors dans sa monographie sur Pourbus ?<br /> <br /> <br /> Les arguments que vous avancez me semblent difficilement discutables pourtant. Je regarde à nouveau les portraits en question. A dire vrai je ne me posais pas vraiment de question parce que je<br /> croyais bien reconnaitre la chevelure et les traits d'Elisabeth de France en les comparant à ceux du portrait du Prado, où elle est en deuil. Cependant je vois qu'on a d'abord identifié<br /> ce même portrait comme étant celui d'Anne d'Autriche et que récemment encore (un article de 2007) le même tableau était considéré par Kusche comme représentant la reine de<br /> France et pas celle d'Espagne. Si seulement l'infante avait hérité du léger prognathisme de maman ...<br /> <br /> <br /> Finalement Ducos fait le choix de reconnaitre dans ces traits ceux d'Elisabeth de France, il devient donc logique qu'il ne mentionne pas les arguments contraires à sa thèse pour le portrait dont<br /> nous avons d'abord parlé. Tout s'explique.<br /> <br /> <br /> Plus curieusement, il y a un autre Pourbus exposé à Florence où Elisabeth auraient les yeux sombres (alors que sur les deux autres le modèle a les yeux bleus.) Ca ne semble troubler<br /> personne.<br /> <br /> <br /> Bref je suis convaincu, mais j'aime bien aussi le Rubens ... pffffffffffff ...<br /> <br /> <br /> Pour les patates, je ne sais pas si j'ai contribué à développer ce concept, mais je tenais à dire que la lecture du livre de Brème sur De Troy, m'a fait revenir sur ma position (merci monsieur<br /> Taupe). Avec un oeil un peu exercé on peut identifier certains visages finalement.<br />
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G
<br />  <br /> <br /> <br /> Eh ben ouais site admirable (n'en jetez plus), ''Son io'', comme dit la druidesse.<br /> <br /> <br /> Et j’ignorais qu'étant grand admirateur et lecteur assidu de ce blog, son auteur était lui-même un admirateur de mon site, j'en suis plus que flatté !<br /> <br /> <br /> Oui je connais aussi Kleio.org, limite dadaïste avec ses identifications gaguesques, le plus désopilant étant le concept consistant à prendre toutes<br /> les madones, 'sacre conversazione', et saintes-familles de Botticelli, Ghirlandaio et autres Gozzoli pour y voir la parentèle de tel Sforza ou de tel Visconti au grand complet (le moindre angelot<br /> dans un coin étant identifié comme le petit-cousin mort à 1 mois)... Il y a dans un genre assez comparable le blog d'un brave monsieur qui interprète la série de la Dame à la Licorne comme un<br /> véritable Da Vinci Code (le lion un peu prognathe étant - what else - Charles-Quint, la Dame elle-même étant Mary d'Angleterre, sœur d'Henry VIII, etc.)<br /> <br /> <br /> Dans tout ces sites-là le fond lui-même est bien entendu gentiment azimuté, mais ce sont des bases de données intéressantes...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> BON. Anne d'Autriche maintenant. En fait la démonstration de Hans Ost ne m'avait jamais convaincu, et j’étais parvenu à sa réfutation de moi-même, aussi ai-je été agréablement surpris de les voir<br /> confirmées par des gens autrement compétents que moi, dans la somme parue chez Perrin. L'étude de ce portrait rappelle donc qu'il a toujours été considéré comme un portrait d'Anne d'Autriche<br /> jusqu'à ce qu'un article de Hans Ost en 1993 répande désormais l'identification Élisabeth de France. Mais en réalité « en-dehors du fait que le visage de la jeune reine présente des traits<br /> caractéristiques des Habsbourg », deux arguments indiquent qu'il ne s'agit pas de la sœur de Louis XIII. D'une part, les deux portraits de Karslruhe sont des pendants rigoureusement<br /> identiques, mêmes dimensions, mêmes proportions, face à face, même date, datés et signés de la même façon, il est hautement invraisemblable qu'un an après le mariage, on donne comme pendant au<br /> portrait du jeune roi celui de sa sœur, partie régner en Espagne un an plus tôt, au lieu de celui de son épouse. D'autre part, la croix à pendeloques de perles est parfaitement identifiée comme<br /> un bijou appartenant à Anne d'Autriche, qu'elle porte sur de nombreux portraits ultérieurs. Ce bijou est un modèle caractéristique qu'on retrouve sur les portraits d'autres reines de France avant<br /> elle. « Le geste précieux de la main de la jeune reine qui semble attirer l'attention sur la croix, signe de sa nouvelle dignité de reine de France, confirmerait cette indication. »<br /> Parallèlement, il existe un autre portrait d’Élisabeth de France avec le même geste de la main sur un bijou différent offert par le roi d'Espagne, « comme signe de sa nouvelle dignité de<br /> reine d'Espagne ». Je ne vois pas à quel portrait précis l'article fait ainsi allusion, mais effectivement, toutes les reines d'Espagne portent quasi-systématiquement sur leurs portraits<br /> (Cf. de Marie Tudor par Moro à Marie-Louise d'Orléans par Garcia Hidalgo) le bijou formé par l'Estanque et la Peregrina (cette dernière passant pour la plus grosse perle en poire du monde – volée<br /> en 1808 par Joseph Bonaparte qui sut pas trop mal s’indemniser de son règne-éclair en Espagne en emportant des babioles dans ses bagages, elle finit montée par Cartier à la demande de Richard<br /> Burton pour Liz Taylor comme on sait).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Quant à votre question « vous y voyez Anne d'Autriche, vous ? » je vous répondrai « Ah que oui ». Il est certain que la différence de physionomie dans leur jeunesse entre<br /> les deux doubles-belles-soeurs est assez tenue (après tout elles avaient du sang commun, la mère de Marie de Médicis était une Habsbourg), d'autant que sans atteindre le degré inqualifiable de<br /> Gobert-Monsieur-Patate au siècle suivant ;-), les portraitistes gommant les défauts trop saillants finissent par faire ressembler tout le monde à tout le monde, mais je vois bien la nuance... Si<br /> vous pouvez comparer ce Pourbus avec le crayon de Dumoustier quelques années plus tard, c'est criant...<br />
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M
<br /> Pourbus que ça dure !<br /> <br /> <br />  <br />
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L
<br /> Ah mais monsieur Goomez, c'est vous qui tenez ce site admirable que vous mettez en lien ? J'y pioche très souvent.<br /> <br /> <br /> J'avais effectivement vu que vous (ou en tout cas le propriétaire du site) identifiait Anne d'Autriche sur le Pourbus.<br /> <br /> <br /> Je passe ma vie là bas et aussi sur ce site allemand, que vous devez connaître et où les attributions me semblent délicieuses et délirantes (par exemple le portrait "au B" d'Anne Boleyn serait en<br /> fait celui de Marie d'Angleterre ... Agnès Sorel au sein nu serait Anne de Bretagne et ainsi de suite ...)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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