Retour sur un ancien article strictement iconographique, dont je redonne les premières lignes afin de rappeler le projet qui le commande :
Mademoiselle (dite « la grande » sans doute pour la différencier de « la petite », fille aînée de Philippe d’Orléans et de Henriette d’Angleterre) était folle de sa maison comme d’autres le sont de leur corps ou des hommes. Lorsqu’elle fit bâtir et aménager un château à Choisy (hélas détruit aujourd’hui, contrairement à celui de Saint-Fargeau où elle résida également) ses obsessions dynastiques servirent de fondement à la décoration intérieur de ses appartements. On est frappé à la lecture de ce passage de ses mémoires par la manière dont l’espace s’organise méthodiquement en fonction d’une hiérarchie très précise qui part d’Henri IV mais qui s’organise autour de la duchesse. Les murs des espaces à vivre constituent un arbre généalogique « illustré » :
Il y a une salle où je mange où sont tous mes proches, c'est-à-dire le roi, mon grand-père, la reine ma grand'mère, le feu roi Louis XIII, mon oncle, la reine Anne d'Autriche, sa femme, les reines d'Espagne et d'Angleterre, mes tantes, et les rois, leurs maris, les duchesses de Savoie, ma tante et ma sœur, et leurs maris, la princesse de Savoie, fille aînée de la première, et la duchesse de Parme, sa cadette ; ma mère, ma belle-mère et l'infante Isabelle-Claire-Eugénie d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, à qui mon père avoit tant d'obligations, et dont il honoroit tant la mémoire, qu'il est bien juste de la placer parmi tous mes proches. Les portraits de MM. les princes Henri de Bourbon, Louis et Henri-Jules et Armand de Bourbon, prince de Conti, y sont aussi, et mesdames les princesses Marguerite de Montmorency, Claire-Clémence de Maillé, et Anne, palatine de Bavière, et Anne Martinozzi.
Voilà donc, par Pourbus pour les trois premiers, Henri IV ("le roi mon grand-père") et Marie de Médicis ("la reine ma grand-mère"), Louis XIII ("mon oncle") et Anne d'Autriche. Le portrait de Louis XIII les représente en pleine adolescence, mais j'ai voulu que l'article soit rendu cohérent par l'identité du peintre. J'aime tout particulièrement la représentation de Marie de Médicis. L'unique portrait d'Anne d'Autriche par Pourbus n'est pas localisable sur internet (wikipedia fait d'ailleurs erreur : l'encyclopédie identifie Anne d'Autriche alors qu'il s'agit d'Elisabeth de France.) J'ai donc choisi l'admirable oeuvre de Rubens, même s'il noie, comme toujours, l'individualité du trait sous la splendeur de la chair et de la carnation.